Dans les traités de médecine traditionnelle chinoise, l’hiver est associé à l’introspection, à l’eau et au rein. D’ailleurs on ne parle pas des reins, mais du rein, comme un seul organe, ou plutôt un couple dans toute sa complémentarité et unicité. Ils sont interdépendants, antagonistes et complémentaires, similaires mais pas identiques. Un rein est plutôt yin, l’autre est plutôt yang, et c’est ce couple rein qui régule tout le rapport yin-yang dans l’organisme. Tant que ce rapport reste harmonieux, la personne reste en bonne santé, mais si l’un des deux vient à faiblir, l’autre prend le dessus et des symptômes apparaissent. Ainsi la fonction des reins va bien au-delà d’une simple approche occidentale et les reins méritent d’être mieux connus, du point de vue occidental comme oriental.
Les reins dans notre vision occidentale :
Les reins sont des organes essentiels dans l’appareil urinaire : ils assurent la filtration du sang et éliminent par la production d’urine les déchets tels que l’urée (produit de dégradation des protéines), l’acide urique (produit de dégradation de nos cellules mortes mais également de purines apportées par l’alimentation), la créatinine (produite par nos muscles) et les résidus de médicaments, additifs alimentaires et autres perturbateurs endocriniens (voir mon article). L’artère rénale envoie le sang dans les reins, il traverse les néphrons (petits reins qui filtrent dans les reins) qui le débarrasse de ses déchets et autres éléments en excès, pour les éliminer par les urines. Par la même occasion, cette filtration permet de maintenir une teneur en eau et en ions (calcium, potassium, sodium…) à un taux stable. Ainsi, l’urines est composée d’eau et de solutés (acides, ions, particules étrangères). La présence de globules, blancs ou rouges, de bile, protéines ou glucose, est anormale et témoigne d’un dysfonctionnement de la fonction rénale qui conduire alors à des explorations supplémentaires. Par ailleurs, les reins produisent la rénine dont est issue l’angiotensine qui agit sur la pression artérielle. Ils sont donc à prendre en compte en cas de troubles cardiovasculaires. De même, ils produisent, comme le foie mais en quantité supérieure, de l’EPO (érythropoïétine) bien connue des sportifs de haut niveau. En effet, l’EPO stimule la formation et la maturation des globules rouges, porteurs d’oxygènes dans nos différentes cellules, notamment des muscles. Enfin, si la vitamine D3 est produite au niveau de la peau sous l’effet des rayons ultraviolets (voir mon article sur la vitamine D), c’est par les reins qu’elle est transformée dans sa forme active.
Les reins en naturopathie :
En naturopathie, nous sommes très soucieux de la qualité d’élimination de nos déchets. Elle est pour nous à la base d’une bonne santé et nous veillons à ce que les émonctoires, les organes propres à la détoxication, soient le plus possible opérationnels. Si les poumons et les reins sont des organes spécifiques à l’élimination des acides, les reins interviennent principalement dans l’élimination des acides lourds alors que les poumons permettent l’élimination des acides volatiles. Ces acides lourds sont produits par le métabolisme de nos cellules, soit par des excès alimentaires (comme une consommation trop importante de protéines animales et notamment de viande, ou d’aliments tellement transformés qu’ils ne sont plus assimilables par notre organisme), soit par un mauvais fonctionnement des reins ou une mauvaise assimilation par le système digestif. Si, pour diverses raisons comme une hydratation insuffisante ou un ralentissement de l’activité des reins, ces acides ne sont pas suffisamment éliminés, ils vont suivre une voie de dérivation qui sera la peau (« 3ème rein »). Apparaîtront alors une transpiration très acide et odorante, de l’eczéma sec, des dermites et autres manifestations sèches. Et si l’évacuation par la peau ne suffit pas, l’organisme va les mettre de côté faute de ne pouvoir les gérer et c’est sous forme de cristaux qu’il va les stocker dans les zones qui ne sont pas vitales : articulations, seins… avec l’apparition de pathologies douloureuses (spasmes, crampes, arthrose, rhumatismes, lithiases salivaires ou rénales, mais aussi une sensibilité accrue au stress et à l’anxiété). Par ailleurs, pour tamponner cette acidité des tissus et essayer de revenir à un équilibre, l’organisme puise dans ses réserves de minéraux pour émettre des ions de bicarbonate, alcalins. Or ces réserves en minéraux sont précisément le système osseux, les dents comprises, d’où des risques accrus de parodontie, fractures osseuses et ostéoporose. C’est ce qui explique en partie la raison pour laquelle les naturopathes sont si soucieux de mesurer si l’équilibre acido-basique (voir mon article) est respecté, et pourquoi ils s’efforcent de ramener autant que possible à ce fragile équilibre.
Les reins en Médecine Traditionnelle Chinoise
Pour la Médecine Chinoise Traditionnelle (MTC), la notion de rein ne se limite pas à vérifier la qualité de nos mictions ou de nos liquides internes, elle va bien au-delà. A eux deux ils les représentent le Tao, on parle donc du rein. L’un est yin, l’autre est yang. Le couple des reins ne forme qu’un, tout en gardant chacun sa spécificité, l’un étant toujours l’inverse de l’autre : le froid- le chaud, le passé-le futur, l’actif-le réceptif, le physique- l’énergétique. Le rein est le siège de la conservation, de la préservation de l’espèce et de la lignée. Partant de ce principe il est le pont entre le passé et le futur. Entre ce dont nous avons hérité des générations qui nous ont précédées, qui définit en partie notre terrain (physique, constitution, tempérament, prédispositions et informations génétiques) et le futur avec la volonté de naître, rester en vie et de se reproduire. Ce dont nous avons hérité étant limité, il s’agit de le préserver, de le nourrir, voire de l’enrichir en veillant à la qualité de notre alimentation, de l’air que nous respirons et de l’eau que nous absorbons. Le yin fournit la matière pour naître et grandir, le yang la chaleur, ou l’énergie, essentielle à tous nos métabolismes. Du rein provient donc la force et la volonté d’agir, la réserve énergétique. Une baisse de vitalité est d’ailleurs vue comme un déséquilibre énergétique dans la loge du rein dont il faut alors remonter le yang en apportant de la chaleur. L’équilibre correct entre le yin et le yang des reins est la condition pour rester en bonne santé et garder une bonne vitalité. Le rein est central dans le maintien de cette énergie vitale qui assure nos capacités reproductrices, notre croissance (il façonne la structure osseuse et rejoint en ce sens l’approche naturopathique pour qui il est central dans le maintien de l’intégralité de la structure osseuse) et notre développement. Cette énergie se loge dans les reins pour ensuite circuler dans tous nos méridiens et se transmet de génération et en génération, d’où l’importance encore de soutenir les reins en optimisant leur fonctionnement, ralentir leur vieillissement et leur perte d’énergie. Enfin, les reins sont associés à la peur. Cette peur bien utile pour nous mettre en alerte au premier signe de danger, véritable garde-fou contre l’inconscience de la jeunesse. Mais, lorsqu’elle prédomine, se décline en paranoïa, phobies ou troubles maniaco-dépressifs, elle est à rapprocher de l’état de santé des reins qui, ne l’oublions pas, sont le foyer, le pôle, de la survie de notre espèce. Si le rein ne peut plus fonctionner correctement, il se met en mode de protection et élabore, avec la peur, un rempart qui se ressert et se renforce progressivement. Ceci est palpable par le fait que la peur est souvent accompagnée de frissons, nous avons « le sang glacé par la peur » : le déséquilibre du rein induit un défaut du yang réchauffeur. C’est donc le froid qui va circuler dans nos méridiens, induisant frissons et crispations. C’est la raison pour laquelle il est intéressant d’explorer la dimension émotionnelle lorsqu’une personne souffre de troubles dans la sphère urogénitale.
En sommes, quelque soit le point de vue, le rein joue un rôle vital dans notre santé sous tous ses aspects, que ce soit physique, physiologie, mais également mental ou émotionnel. Il est associé à ce principe vital qui nous a été transmis par nos parents et qui s’épuise inexorablement au fil de notre vie. Il est à cœur de notre capacité de reproduction, naissance et croissance. Mais si son fonctionnement est perturbé, affaibli, par un excès de toxines qu’il ne parvient que difficilement, ou plu, à éliminer, l’organisme tout entier va en être affecté, avec des symptômes bénins dans un premier temps, signaux pour le naturopathe qu’il est temps d’intervenir, puis de plus en plus répétitifs, voire chroniques ou lésionnels. Avec les frimas de l’automne, il est plus que temps de se soucier de la santé de ses reins afin de se préparer à l’hiver. C’est le moment de faire le point sur soi mais aussi de se remettre à une activité physique, d’améliorer la qualité de son assiette et de l’eau que nous absorbons, de son souffle et, peut-être, d’envisager l’arrêt du tabac.
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Guillemette Bourgoing, Naturopathe et Réflexologue Villelaure Pertuis et Aix-en-Provence
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